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Conseils de recruteur
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  • Actuellement prof de GRH en école d'ingénieur, j'ai été recruteur en cabinet de conseil pendant quelques années. Ce blog est destiné aux diplômés Bac+5 qui souhaitent acquérir une méthodologie pour réussir leur recrutement. Ludovic Bellenguez
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23 octobre 2017

Le syndrome de la brouette ou pourquoi il est salutaire de savoir dire « non » pour se construire un poste épanouissant

Faire évoluer son poste en entreprise est une étape de la vie professionnelle délicate, d’autant plus quand on est junior, du fait de son manque d’expérience et de maturité. C’est pourquoi, dans le cadre de mes cours, j’explique à mes étudiants l’importance de savoir dire « non » en entreprise, chose toujours difficile. Je leur explique que savoir dire « non » leur permettra de sortir d’une situation délicate que je décris par une métaphore, « le syndrome de la brouette ».

Je leur explique qu’intégrer une entreprise comme junior, c’est comme avoir une brouette vide, vide de responsabilités. On peut porter solidement et avec vigueur cette brouette : elle est vide ! Bien évidemment, elle ne la restera pas longtemps.

brouette vide

Une brouette vide qui se remplit

En effet, le rôle de votre manager va être tout d’abord de vous confier vos premières missions et ainsi de placer les 1ères responsabilités dans votre brouette. Vous êtes jeune, encore plutôt fort et surtout motivé par l’idée de faire bonne impression : un peu de charge dans votre brouette ne vous fait pas peur et vous continuez à la porter avec vigueur ! L’idée est de montrer qu’on en veut et qu’on est courageux !

Cette vigueur ne passera pas inaperçue. En entreprise, tout le monde s’observe et se jauge. Face à un junior qui en veut, et bien on va lui en donner. C’est ainsi que votre manager, et peut être d’autres personnes gravitant autour de vous vont progressivement et petit à petit remplir votre brouette avec divers poids, généralement en vous félicitant pour l’énergie que vous déployez pour porter votre charge ! De telles marques de reconnaissance sont souvent flatteuses pour un junior qui va redoubler d’efforts pour porter son fardeau, même s’il est déjà moins léger !

brouette pleine de terre

 

Un poids qui devient rapidement lourd à porter

C’est là où le bât va commencer à blesser. En effet, face à autant de visages souriants de collègues qui viennent déposer leur petite charge dans sa brouette et le temps passant, le junior va commencer à avoir les bras lourds. Il lui sera d’ailleurs souvent difficile de dire « non », ses collègues et son management le jugeront peut être mal, voire lui en voudront ? Et puis finalement, en tirant un peu sur la corde, cette brouette est encore supportable !

Et puis un beau jour, à force de tirer sur la corde, arrivera ce qui devait arriver :

brouette renversée gif

Dans ce genre de situation, tout le monde viendra vous voir pour râler sur le capharnaüm que vous venez de mettre. Pire, au-delà des reproches, on va même se mettre à douter de vos compétences.

Vous aurez ainsi tout gagné : en voulant bien faire et en ne sachant pas dire « non », et bien vous venez de ternir vous-même votre réputation ! J'ai vu ainsi beaucoup de jeunes professionnels pourtant brillant mal faire leur travail tout simplement parce qu'ils n'avaient plus le temps de bien le faire. Ces personnes font tout, mais mal.

Avant de savoir dire « non », il faut savoir négocier.

La négociation est malheureusement un art que maitrisent peu d’ingénieurs. C’est bien dommage car nous sommes tous des négociateurs nés ! En effet, regardez vos enfants ou votre petit neveu, c’est un vrai négociateur ! Quand vous lui demandez une corvée, ne vous demande-t-il jamais quelque chose en échange ? En mode :

« OK, je débarrasse la table, mais après je peux jouer à la Xbox pendant 1h ».

Dommage que les études et l’adolescence développent l’inhibition, cette fameuse inhibition qui nous fait oublier le principe de base de la négociation, les vases communicants : si je donne quelque chose, il faut qu’on me rende quelque chose.

« OK, mais comment est-ce valorisé ? »

Adaptons cela à notre syndrome de la brouette ! Voilà quelques mois, quelques années que vous travaillez dans cette société. Votre manager vient vous voir avec cette nouvelle mission qui sort un peu du cadre de votre métier : mais il vous imagine très bien sur cette tâche, il vous en sent capable : vous êtes l’homme de la situation !

C’est là qu’il va falloir prendre une grande inspiration et dire :

« OK, ça a l’air top, mais comment est-ce que ce sera valorisé ? »

Normalement, la tête de votre manager devrait ressembler à cela :

 

étonné gif

 

‒        Comment ça « valorisé » ? 

‒        Et bien oui ! La mission a l’air top, mais je suis déjà full, du coup, si je veux pouvoir faire, il va me falloir prendre sur mon temps libre : est-il prévu une valorisation du temps supplémentaire passé sur cette tache ? 

‒        Et bien à chaud, non rien de spécial… Bien évidemment, nous pourrons en rediscuter lors de ton point annuel…»

En matière de business, je suis très Chiraquien : pour moi, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. C’est pourquoi j’encourage toujours à répondre :

‒        Écoute, je dois dans ce cas y réfléchir. C'est une belle proposition mais elle va avoir des impacts sur ma vie perso. Du coup, je souhaite prendre du recul avant de te faire un retour.

Le lendemain, retournez voir votre manager.

‒        Par rapport à la mission que tu me proposais hier, peux-tu me confirmer s’il y a compensation financière ou pas ?

‒        En effet, je suis incapable de te confirmer cela, c’est très difficile de promettre ce genre de chose

‒        Pas de souci, je comprends. La mission m’intéresse cependant beaucoup. Après, si tu peux me décharger de certaines missions qui encombrent aujourd’hui ma charge, je suis prêt à passer le pas, même sans compensation financière assurée. Par exemple, je dois réaliser toutes les semaines un reporting à Jean-Michel et Perrine, ça me prend facile 2h. Ensuite, j’ai chaque semaine une réunion de 3h sur une revue de projet qui a mon sens est dispensable. Si on peut redistribuer ces charges-là, je peux être dispo pour ta mission.

Mesurer le « pour » et le « contre », savoir parfois refuser

Dans le cas précédant, la mission m’intéressait, du coup, la bonne astuce est de savoir accepter qu’on remplisse votre brouette, mais en la déchargeant des poids les plus désagréables et qui vous permettront, peu à peu de vous construire un poste en or, uniquement composée de tâches qui vous plaisent.

brouette or

Cependant, en pesant parfois le « pour » et le « contre », il faudra aussi parfois avoir le courage de refuser la mission et donc de dire « non ». Si cet acte n’est pas naturel, vous verrez que souvent, on y gagne en légitimité et en respect, respect des autres d’une part, mais aussi et surtout en respect de soi-même !

La réaction de votre manager sera également intéressante à observer et analyser. S’il réagit mal et ce malgré vos explications, l’analyse que vous pourriez alors avoir serait : « Est-ce le bon manager ? Suis-je au bon endroit ? ». Autre sujet… et autre probable futur article ? ;-)

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Commentaires
P
merci pour le feedback et cette anecdote qui conforte ce billet ;-) <br /> <br /> <br /> <br /> l'objectif est avant tout de se construire un poste épanouissant et de gagner le respect de ses collègues. il faut bien évidemment peser le "pour" et le "contre" soigneusement et d'arrêter de prendre des charges sans contreparties. <br /> <br /> <br /> <br /> je lisais il y a peu une statistique qui disait que les râleurs en entreprise gagnaient en moyenne 20% de salaire en plus que les collaborateurs gentils. cet article visait en effet à donner quelques armes et un peu de recul à ces collaborateurs professionnels... et parfois trop gentils :-)<br /> <br /> <br /> <br /> concernant ce que doit être un bon manager, il me faudra quelques articles pour pouvoir répondre à cette question, mais si je devais me limiter à une qualité : un bon manager est quelqu'un qui aime les autres et veut les faire se dépasser.
A
Cet article me rappelle le témoignage de quelqu’un en covoiturage justement ce week end et c'était exactement ce syndrome !<br /> <br /> Il m’a raconté qu’il était comptable dans une grosse entreprise agroalimentaire. L’univers des grosses boîtes, selon son expérience, peut favoriser la pression au sein d’une équipe. Son manager, surbooké, lui ajoutait sans arrêt des missions : dans l’équipe de 6, personne ne prenant les responsabilités, il était jeune et mettait cœur à l’ouvrage, tout lui retombait dessus. Il s’en sortait, il faisait tout oui… Le métier demande rigueur et la perte inutile d’argent se faisait parfois à l’heure près dans les délais qu’il peinait à suivre. Cela ne lui était même pas reproché, mais pour sa conscience, il s’en voulait.<br /> <br /> Un jour son manager, satisfait de son travail, lui a proposé de devenir officiellement responsable de l’équipe pour une petite compensation salariale.<br /> <br /> Mal à l’aise et déjà overbusy, il a demandé un temps de réflexion et débuté une recherche d’emploi. Il a rapidement eu des pistes, dont une dans une petite structure associative. Le salaire proposé par son nouvel employeur n’était pas mieux que son salaire actuel, mais compensé par des avantages diverses et surtout, des conditions de travail bien meilleures selon lui.<br /> <br /> <br /> <br /> Revenu vers son manager, il lui a annoncé qu’il avait une proposition ailleurs. Paniqué et pris au dépourvu, son manager lui promettait maintenant de doubler, puis tripler la compensation salariale pour devenir responsable d’équipe, en mode : « pitié, je n’ai personne d’autre que toi ». Il a refusé.<br /> <br /> Aujourd’hui épanoui dans son travail au sein d’une petite entreprise, il est très heureux d’avoir su dire non, et d’avoir osé prendre le risque de partir. Comme quoi le relationnel humain change tout dans un métier.<br /> <br /> <br /> <br /> Chaque situation est unique mais, même si un refus peut être notre meilleure solution, ne reste-il pas néanmoins un échec ou une non-tentative de négociation ? Ne faut-il penser qu’à soi en premier dans un équipe ? Cela vaut-il toujours le coup de négocier pour finir en mauvais termes avec un manager qui nous en voudra d’avoir eu gain de cause et qui ne saura pas comment refiler les missions dont personne ne veut ? Qu’est-ce qu’un « mauvais manager », comment le reconnaître, comment y échapper et sinon, comment y survivre ? Si on est manager, comment savoir si on est bon ?<br /> <br /> J’anticipe je sais, j'attends les réponses dans le prochain article :)
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